La décision de Fitch d’abaisser la note de la dette française, intervenue vendredi 12 septembre, n’a pas provoqué de choc immédiat sur les marchés financiers. Les taux d’emprunt d’État à 10 ans, les fameux OAT, sont restés sous les 3,5 %. De quoi confirmer une tendance de stabilisation observée depuis la démission de François Bayrou et le maintien des taux directeurs de la BCE.
Des marchés finalement peu ébranlés à court terme
Alors que l’OAT 10 ans avait dépassé les 3,6 % début septembre, il est rapidement repassé sous ce seuil pour s’établir autour de 3,4 %. « Depuis le vote de confiance déclenché par François Bayrou, qui s’est soldé par sa démission, nous savions que le risque financier était présent. Mais les marchés l’avaient déjà anticipé, ainsi que la dégradation de la note française par Fitch, il n’y a donc pas de surprise sur les mouvements en cours », analyse Caroline Arnould, directrice générale de CAFPI. Lire aussi - Immobilier neuf : quelles conséquences a la démission du gouvernement Bayrou sur le crédit et le marché ?
Dans ce contexte, la plupart des banques n’ont pas révisé leurs barèmes. Julie Bachet, directrice générale de Vousfinancer, souligne : « Depuis le 8 septembre, nous n’avons reçu que très peu de barèmes, et ils sont stables, confirmant cette tendance et le peu d’impact que le vote de confiance a eu. Le fait que la BCE ait laissé ses taux inchangés lors de sa dernière réunion du 11 septembre est également un facteur de stabilisation des conditions d’emprunt à court et moyen terme. »
Des taux de crédit toujours attractifs
Actuellement, les taux moyens restent contenus : 3,05 % sur 15 ans, 3,25 % sur 20 ans et 3,45 % sur 25 ans, avec des décotes possibles jusqu’à 2,8 % sur certaines durées. « Dans un contexte de forte concurrence interbancaire avec des taux d’emprunt d’État aux alentours de 3,5 %, les hausses de taux de crédit devraient rester limitées et sans impact majeur sur la capacité d’emprunt des futurs acquéreurs… », observe Sandrine Allonier, porte-parole de Vousfinancer.
D’ailleurs, concrètement, une hausse de 0,10 point sur un crédit de 200 000 € représente seulement 10 € de mensualité supplémentaire sur 20 ans, et une baisse de capacité d’emprunt de 1 600 €, soit un impact mesuré sur les projets immobiliers.
Vers une tension accrue à moyen terme sur les taux d’intérêt ?
Si les conséquences immédiates apparaissent contenues, le signal envoyé par Fitch reste préoccupant. « Cette dégradation pourrait pousser les investisseurs à exiger des rendements plus élevés, avec un OAT à 10 ans susceptible de dépasser le niveau italien, une première depuis quinze ans », prévient Grégory Beurrier, président du réseau Expertimo. Selon lui, une telle évolution pourrait réduire la capacité d’emprunt des ménages jusqu’à 10 %, et entraîner une nouvelle contraction du marché immobilier, avec une pression baissière sur les prix, jusqu’à - 5 % dans les grandes villes, davantage en zones rurales.
Néanmoins, il rappelle que les précédentes rétrogradations de Moody’s (décembre 2024) et de Standard & Poor’s (mai 2025) n’avaient pas déclenché de flambée des taux, ni de durcissement de la politique monétaire de la BCE. « L’impact pourrait donc rester contenu, même s’il accentue un contexte déjà fragile qui appelle à la vigilance », tempère-t-il.
Les prochains mois seront bien sûr scrutés de près, entre la formation du nouveau gouvernement et les débats autour du budget 2026. La réaction des marchés et les futures notations des agences Moody’s et S&P au cours de l’automne seront également déterminantes. Pour l’heure, les conditions de financement demeurent attractives, même si l’incertitude persiste. Dans ce climat, sécuriser son crédit rapidement reste conseillé pour les ménages qui souhaitent concrétiser un projet immobilier.

